Une passerelle entre sagesses ancestrales et science moderne
Introduction : De la sagesse ancienne à l’hypothèse scientifique
Cette analyse a pour point de départ une affirmation audacieuse issue de mon dernier livre, Carnet de voyage dans la cinquième dimension : « Le chaman et l’âme du chaman, le monde et l’âme du monde ne sont qu’un. Le chaman est un résonateur quantique ». Cette affirmation, vers laquelle mes pratiques chamaniques m’ont conduites formule une synthèse entre les traditions spirituelles ancestrales et les concepts émergents de la science. Elle propose une vision du chaman non pas comme un simple praticien de rituels, mais surtout comme un agent de l’unité, un pont vivant entre le visible et l’invisible.
Comment cette intuition suivant laquelle le chaman est un « résonateur quantique » peut s’expliquer ? Pour l’élucider, je vous propose un voyage à travers le temps et la connaissance, tissant des liens entre la tradition primordiale, la philosophie, et les théories scientifiques contemporaines. Nous explorerons tout d’abord les racines de l’unité cosmique dans la tradition primordiale et la philosophie antique. Nous nous pencherons ensuite sur la manière dont ces idées ont été réappropriées à la Renaissance. Enfin, nous ferons le lien entre les concepts de conscience universelle issus des philosophies orientales et les théories contemporaines de la physique et de la biologie quantique, nous permettant de concevoir le chamanisme comme une interaction avec la trame même de la réalité.
Partie I : l’Âme du Monde
De la Tradition Primordiale à la philosophie antique
1.1 L’unité retrouvée dans le chamanisme et la Tradition Primordiale
Le chamanisme repose sur un principe fondamental : l’interconnexion de toutes choses. Cette perspective est au cœur de la Tradition Primordiale, une sagesse métaphysique considérant l’univers comme une entité vivante, une totalité unie où chaque élément est la manifestation d’une conscience unique, l’Âme du Monde. Le chaman, par ses états modifiés de conscience, réalise cette union, il ne la perçoit pas, il la devient. Il fusionne avec les éléments et les esprits, dissolvant les frontières de l’ego pour accéder à une réalité unifiée de la conscience universelle. Cette perception non-duelle s’oppose à notre perception ordinaire, fragmentée et construite par notre cerveau pour naviguer dans le quotidien. Le chaman, lui, transcende cette illusion afin de percevoir le monde comme un tableau complet et non un simple puzzle de pièces séparées.
1.2 L’Âme du Monde : sources et influences
Le concept d’Âme du Monde (Anima Mundi) est une idée antique dont les analyses principales se trouvent le philosophe grec Platon, notamment dans son dialogue le Timée. Pour Platon, le cosmos est un être vivant et intelligent, doté d’une âme qui le relie au monde des Idées et qui est la source d’harmonie et d’ordre dans le cosmos. Cette vision d’un univers, harmonieux et ordonné : un cosmos, nous vient des pythagoriciens. Cicéron dit à leur propos : « Pythagore croyait qu’il y avait une âme contenue toute entière dans la nature et circulant en elle (théorie de l’âme du Monde) et dont nos propres âmes étaient des fragments. » C’est à partir de la contemplation de l’univers et de ses lois que Pythagore puisa toute sa sagesse. Les Stoïciens ont également adopté une version de cette idée, considérant l’univers comme un grand corps vivant animé par un principe intelligent et divin qu’ils nomment le pneuma. Ce souffle chaud et rationnel pénètre et relie toute la matière, agissant à la fois comme principe de vie et de rationalité du cosmos.
Partie II : renouveau alchimique et philosophique de l’unité
2.1 Les philosophes-chamans : au-delà de la perception ordinaire
Des figures de la Renaissance comme Giordano Bruno et Nicolas de Cues peuvent être considérées comme des philosophes-chamans. Ils ne pratiquaient pas les rituels, mais utilisaient la philosophie pour mener une quête intellectuelle et spirituelle similaire au voyage chamanique. Nicolas de Cues, avec sa théorie de la « docte ignorance », cherchait à dépasser la logique pour atteindre une vérité paradoxale, une expérience qui fait écho à la transe du chaman. Giordano Bruno, quant à lui, s’est lancé dans un voyage mental vers l’infini, rejetant l’univers clos dans le but de concevoir un cosmos peuplé d’une infinité de mondes. Cette vision est une profonde expérience d’extase cosmique. Tel un « chaman de l’espace », Bruno percevait l’interconnexion entre les étoiles et les humains.
2.2 Les théoriciens-alchimistes : la transmutation de la conscience
Bruno et Cues ont élevé l’alchimie au rang de métaphore pour la transformation de la conscience et de l’être, et non pour la transmutation des métaux. Pour Nicolas de Cues, la transmutation alchimique symbolisait l’élévation spirituelle de l’âme humaine de l’imperfection à la perfection. Bruno, dans le cadre de la magie hermétique, considérait l’univers comme un être vivant et l’alchimiste comme un mage ou un résonateur, capable de manipuler les forces cachées unificatrices du cosmos. Il cherchait à faire circuler les énergies divines pour libérer le potentiel divin contenu dans la matière.
Partie III : De la conscience universelle à la science contemporaine
3.1 Un pont entre l’Orient et l’Occident
Le concept de conscience universelle trouve ses racines dans les traditions orientales, comme les Upanishads de l’Inde antique, où le Brahman (la réalité ultime) et l’Atman (le soi individuel) sont perçus comme une seule et même chose. Cette idée a influencé des philosophes occidentaux comme Arthur Schopenhauer. Il a vu le monde comme manifestation d’une Volonté cosmique unique. Quant à Ralph Waldo Emerson, il a conceptualisé l’Âme supérieure (Over-Soul), une conscience divine unificatrice de toutes choses.
3.2 La théorie de la résonance morphique : le chaman comme récepteur
Les théories de Rupert Sheldrake offrent un écho scientifique à ces concepts millénaires. Il postule l’existence de champs morphiques, des champs non matériels. Ils agissent tels des schémas d’organisation et de mémoire pour tous les systèmes vivants. Ces champs opèrent par le biais de la résonance morphique, principe selon lequel les systèmes passés influencent les systèmes présents sans connexion physique. Le chaman, par des techniques de transe ou de rituels, parvient à court-circuiter le filtre de sa perception ordinaire pour se mettre en résonance avec ces champs. C’est une forme de communication non-locale lui permettant d’accéder à la sagesse et à l’essence d’une espèce ou d’un lieu.
Pour Sheldrake, le cerveau ne produit pas la conscience ; il agit comme un récepteur ou un filtre pour une conscience qui manifeste une propriété fondamentale du cosmos. Dans cette analogie, la conscience est comme les ondes radio et le cerveau est comme un récepteur qui les capte et les décode. Le voyage chamanique n’est alors pas une hallucination, mais une exploration de la réalité elle-même, un effort conscient pour syntoniser une fréquence de conscience, normalement inaccessible. Le chaman est le canal vivant pour cette information, il se met en résonance avec le champ de l’animal et son corps devient le canal de cette expérience. C’est ainsi que la clairvoyance ou la communication avec les animaux, souvent considérées comme de la superstition, deviennent des phénomènes naturels s’inscrivant dans un modèle holistique de l’univers.
Approche conclusive : l’éveil du résonateur en nous
Le chaman et l’âme du chaman, le monde et l’âme du monde ne sont qu’un. Aussi ma pratique chamanique, mes Voyages Visionnaires pour la plupart source de mes tableaux, me font-ils considérer le chaman comme un « résonateur quantique ». Cette observation, fil conducteur de cette analyse, suggère une passerelle élégante entre la sagesse ancestrale et la science moderne. Loin d’être une simple analogie, elle propose un modèle cohérent de la réalité où le chaman est une figure archétypale, une incarnation de notre propre potentiel d’union. Par sa pratique, le chaman ne nous montre-t-il pas que l’état d’unité n’est pas un concept lointain, mais une réalité accessible, une résonance possible pour chacun.
Cette vision peut bien sûr nous interpeller ! Ne sommes-nous pas tous, à notre échelle, des résonateurs ? Notre conscience, nos intentions, ne sont-elles pas des vibrations agissant sur la toile de la réalité ? C’est une question essentielle pour un monde en quête de sens, une invitation à reconnaître l’interconnexion fondamentale
